đïž Ascension rĂ©ussie : Directissime de la pointe Walker - Fueled by COOKNRUN Par Alexis CHATENAY fĂ©vrier 22, 2023
Grandes Jorasses. Face nord. Hiver. Trois alpinistes. Cinq jours. Quatre nuit. Une voie jamais répétée.
VoilĂ le dĂ©cor et lâaction dâune grande aventure telle que lâalpinisme nous lâoffre parfois, de celles qui poussent les curseurs trĂšs haut, dans la difficultĂ©, dans lâengagement mais aussi dans lâesprit de cordĂ©e au sens trĂšs noble du terme.
Ce lundi 13 février 2023, Charles Dubouloz, Clovis Paulin et Symon Welfringer sont sortis au sommet des
Grandes Jorasses aprÚs avoir répété la
Directissime de la Walker , ouverte par
Patrick Gabarrou et HervĂ© Bouvard en juillet 1986 et jamais rĂ©pĂ©tĂ©e jusquâalors. Au terme de cinq jours dâascension, le trio rĂ©alise un vieux rĂȘve, sous lâoeil complice de Gabarrou et Bouvard eux-mĂȘmes.
Charles : « LĂ le vent se lĂšve, Symon a les chaussons depuis trois ou quatre heures, il remet de la peuf sur les doigts, ce qui signifie chez lui quâil va envoyer ! ».
Clovis : « On se dit quâil faut sortir. Symon tente Ă gauche sous un toit et paf, il se rĂ©tablit, sâexplose la main en pitonnant et casse le marteau du piolet tellement il tape comme un sourd. Puis il nous dit que ça va le faire. Et lĂ , il part dans la dalle, trouve un bac pour protĂ©ger et sort la longueur. »
Le taf du jour est fait et bien fait. Le crux est passé. Les cordes sont fixées. Symon a « sacrément géré ». La cordée est en acier trempé.
Symon : « Câest hyper excitant de grimper des longueurs comme ça dans la face nord des Jorasses. Tu tâenvoies des longueurs hyper raides, uniquement sur protection amovibles dans un niveau technique assez Ă©levĂ©, une ambiance austĂšre et froide⊠Trouver une pseudo ligne de faiblesse dans un tel endroit, câest incroyable. »
5h30. MĂȘme si le terrain est connu, la tension reste prĂ©sente car le rocher est du genre amovible. Le premier doit grimper sur des oeufs, ou plutĂŽt sur des Ă©pĂ©es de rocher branlantes et dĂ©versantes, façon DamoclĂšs pour les seconds, planquĂ©s sous le sac de hissage.
Symon : « Dans ces Ă©pĂ©es, jâavais lâimpression de faire de la glace, comme quand câest dĂ©licat et que tu ne peux pas taper. Et puis le contraste a Ă©tĂ© incroyable. On est passĂ© dâune section coupe-gorge  ou rien ne tient, Ă lâambiance ensoleillĂ©e et horizontale ». Clovis a lâhonneur des trois derniĂšres longueurs. 13h au sommet. La cordĂ©e prend le temps mais redescend vite de son nuage.
Charles : « LĂ on est contents mais on ne peut pas sâempĂȘcher de penser Ă la suite. La descente des Grandes Jorasses en hiver câest toujours un chantier. »
« Cette descente, câest le moment oĂč jâai eu le plus peur finalement » confirme Clovis . Tant que les Rochers du Reposoir ne sont pas passĂ©s, lâambiance est pesante. Ensuite, les risques objectifs diminuent mais la neige molle engloutit les alpinistes Ă chaque pas.
20h : une grande ascension se termine dans la nuit.
La Directissime de la Walker a enfin Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e. Lâhiver limite les chutes de pierres trĂšs fortes sur le pilier et dâautres alpinistes auront peut-ĂȘtre envie de sây frotter.
Charles promet « un beau topo pour ceux qui nous le demanderont » ,
histoire de laisser le goĂ»t de lâaventure Ă ceux qui prĂ©fĂšrent la recherche dâitinĂ©raire. Câest tout lâesprit qui a animĂ© cette cordĂ©e aussi solide que soudĂ©e.Â